Found somewhere in the "Monde Diplomatique" today (or yesterday), an excerpt from the opinion expressed recently by Yanis Varoufakis (new Greek Finance Minister).
Since a long time I hadn't heard this kind of speech (and thought) expressed by politicians of European caliber.
"Dans une interview à laquelle on n’a probablement pas assez prêté attention, Yanis Varoufakis [le ministre des finances grec] lâche une phrase qui vaut son pesant de signification : “nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l’austérité”. Et en effet c’est très différent, radicalement différent même. Entre la vie austère et l’austérité, il y a l’abîme qui sépare une forme de vie pleinement assumée et la soumission à une tyrannie technique. Car il est certain que la sortie de l’euro n’aurait rien d’un dîner de gala. Mais c’est faire de la politique, et au plus haut sens du terme, que de prendre à témoin le peuple et de lui mettre en mains les termes de son choix : nous pourrions bien, en effet, être plus pauvres un moment mais, d’abord, sous une tout autre répartition de l’effort, et surtout en donnant à cette “vie austère” la signification hautement politique d’une restauration de la souveraineté, peut-être même d’un profond changement de modèle socioéconomique."
And following its steps, I've found one of his works, called the "Modest Proposal", about the Euro-Crisis. Written, revised and translated with the colaboration of Stuart Holland, James K. Galbraith and Michel Rocard, may be found in the links following bellow:
http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/
1 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/prologue/
2 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/2-the-nature-of-the-eurozone-crisis/
3 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/3-political-constraints-for-any-solution/
4 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/4-the-modest-proposal-four-crises-four-policies/
5 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/5-the-modest-proposal-four-crises-four-policies/
Monde Diplomatique - Mars 2015
"Les Grecs n’ont pas besoin qu’on leur explique la signification du terme « démocratie ». Pourtant, les leçons pleuvent sur leurs têtes depuis qu’ils ont porté au pouvoir une force de gauche déterminée à tourner le dos aux politiques d’austérité qui depuis six ans les tourmentent.
....
Sur un mode arrogant, Berlin mais aussi Madrid, La Haye, Lisbonne et Helsinki expliquèrent que l’alternance à Athènes ne changeait rien, puisque la politique rejetée par les Grecs devrait être poursuivie sans aucune modification. Sur un ton plus doucereux, on susurrait la même chose à Rome, Bruxelles et Paris : « Il faut, estima par exemple le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius, concilier le respect du vote par l’électeur et le respect des engagements de la Grèce en matière de réformes. » Mais tous les gouvernements de l’Union européenne semblent ne se soucier que du second terme de l’équation. Et s’offusquer quand M. Alexis Tsipras insiste pour rappeler le premier.
.......
La Grèce, fait savoir son ministre des finances Yanis Varoufakis, est "déterminée à ne pas être traitée comme une colonie de la dette dont le destin est de souffrir".
..............Mais peu importe, le Gramophone européen ne cesse de répéter : « La Grèce doit respecter ses engagements ! » (lire « Dette publique, un siècle de bras de fer »). Sclérosée dans ses certitudes, la sainte alliance refuse même d’entendre le président des Etats-Unis quand il explique, encouragé dans son analyse par une armada d’économistes et d’historiens : « On ne peut pas continuer à pressurer des pays en dépression. A un moment donné, il faut une stratégie de croissance pour pouvoir rembourser ses dettes»
...........
L’effondrement économique que la Grèce a subi depuis six ans est comparable à celui que quatre ans de destructions militaires et une occupation étrangère avaient infligé à la France pendant la première guerre mondiale.
.............On comprend alors que le gouvernement de M. Tsipras bénéficie dans son pays, y compris à droite, d’un énorme appui populaire quand il refuse de prolonger une politique aussi destructrice. Et de se résigner à survivre « comme un drogué qui attend sa prochaine dose».............
Avec l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le mobile du crime est encore plus sordide. Les populations de ces Etats auraient en effet intérêt à ce que la main de fer de l’austérité cesse enfin de les broyer. Mais leurs gouvernements ont peur ....
.....
Chacun sait en effet qu’à moins de parvenir à « tirer du sang à une pierre », la dette grecque ne sera jamais remboursée. ..........
...........
Et l’avenir fait penser à ce qu’écrivait la philosophe Simone Weil à propos des grèves ouvrières de juin 1936 en France : « Nul ne sait comment les choses tourneront. (…) Mais aucune crainte n’efface la joie de voir ceux qui toujours, par définition, courbent la tête la redresser. (…) Ils ont enfin fait sentir à leurs maîtres qu’ils existent. (…) Quoi qu’il puisse arriver par la suite, on aura toujours eu ça. Enfin, pour la première fois, et pour toujours, il flottera autour de ces lourdes machines d’autres souvenirs que le silence, la contrainte, la soumission » Le combat des Grecs est universel. Il ne suffit plus que nos vœux l’accompagnent. La solidarité qu’il mérite doit s’exprimer en actes. Le temps est compté."
Since a long time I hadn't heard this kind of speech (and thought) expressed by politicians of European caliber.
"Dans une interview à laquelle on n’a probablement pas assez prêté attention, Yanis Varoufakis [le ministre des finances grec] lâche une phrase qui vaut son pesant de signification : “nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l’austérité”. Et en effet c’est très différent, radicalement différent même. Entre la vie austère et l’austérité, il y a l’abîme qui sépare une forme de vie pleinement assumée et la soumission à une tyrannie technique. Car il est certain que la sortie de l’euro n’aurait rien d’un dîner de gala. Mais c’est faire de la politique, et au plus haut sens du terme, que de prendre à témoin le peuple et de lui mettre en mains les termes de son choix : nous pourrions bien, en effet, être plus pauvres un moment mais, d’abord, sous une tout autre répartition de l’effort, et surtout en donnant à cette “vie austère” la signification hautement politique d’une restauration de la souveraineté, peut-être même d’un profond changement de modèle socioéconomique."
And following its steps, I've found one of his works, called the "Modest Proposal", about the Euro-Crisis. Written, revised and translated with the colaboration of Stuart Holland, James K. Galbraith and Michel Rocard, may be found in the links following bellow:
http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/
1 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/prologue/
2 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/2-the-nature-of-the-eurozone-crisis/
3 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/3-political-constraints-for-any-solution/
4 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/4-the-modest-proposal-four-crises-four-policies/
5 - http://yanisvaroufakis.eu/euro-crisis/modest-proposal/5-the-modest-proposal-four-crises-four-policies/
Monde Diplomatique - Mars 2015
"Les Grecs n’ont pas besoin qu’on leur explique la signification du terme « démocratie ». Pourtant, les leçons pleuvent sur leurs têtes depuis qu’ils ont porté au pouvoir une force de gauche déterminée à tourner le dos aux politiques d’austérité qui depuis six ans les tourmentent.
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Sur un mode arrogant, Berlin mais aussi Madrid, La Haye, Lisbonne et Helsinki expliquèrent que l’alternance à Athènes ne changeait rien, puisque la politique rejetée par les Grecs devrait être poursuivie sans aucune modification. Sur un ton plus doucereux, on susurrait la même chose à Rome, Bruxelles et Paris : « Il faut, estima par exemple le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius, concilier le respect du vote par l’électeur et le respect des engagements de la Grèce en matière de réformes. » Mais tous les gouvernements de l’Union européenne semblent ne se soucier que du second terme de l’équation. Et s’offusquer quand M. Alexis Tsipras insiste pour rappeler le premier.
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La Grèce, fait savoir son ministre des finances Yanis Varoufakis, est "déterminée à ne pas être traitée comme une colonie de la dette dont le destin est de souffrir".
..............Mais peu importe, le Gramophone européen ne cesse de répéter : « La Grèce doit respecter ses engagements ! » (lire « Dette publique, un siècle de bras de fer »). Sclérosée dans ses certitudes, la sainte alliance refuse même d’entendre le président des Etats-Unis quand il explique, encouragé dans son analyse par une armada d’économistes et d’historiens : « On ne peut pas continuer à pressurer des pays en dépression. A un moment donné, il faut une stratégie de croissance pour pouvoir rembourser ses dettes»
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L’effondrement économique que la Grèce a subi depuis six ans est comparable à celui que quatre ans de destructions militaires et une occupation étrangère avaient infligé à la France pendant la première guerre mondiale.
.............On comprend alors que le gouvernement de M. Tsipras bénéficie dans son pays, y compris à droite, d’un énorme appui populaire quand il refuse de prolonger une politique aussi destructrice. Et de se résigner à survivre « comme un drogué qui attend sa prochaine dose».............
Avec l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, le mobile du crime est encore plus sordide. Les populations de ces Etats auraient en effet intérêt à ce que la main de fer de l’austérité cesse enfin de les broyer. Mais leurs gouvernements ont peur ....
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Chacun sait en effet qu’à moins de parvenir à « tirer du sang à une pierre », la dette grecque ne sera jamais remboursée. ..........
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Et l’avenir fait penser à ce qu’écrivait la philosophe Simone Weil à propos des grèves ouvrières de juin 1936 en France : « Nul ne sait comment les choses tourneront. (…) Mais aucune crainte n’efface la joie de voir ceux qui toujours, par définition, courbent la tête la redresser. (…) Ils ont enfin fait sentir à leurs maîtres qu’ils existent. (…) Quoi qu’il puisse arriver par la suite, on aura toujours eu ça. Enfin, pour la première fois, et pour toujours, il flottera autour de ces lourdes machines d’autres souvenirs que le silence, la contrainte, la soumission » Le combat des Grecs est universel. Il ne suffit plus que nos vœux l’accompagnent. La solidarité qu’il mérite doit s’exprimer en actes. Le temps est compté."
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